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Des dommages et des hommes : les économies du malheur dans les Alpes (XVIIIe-XIXe siècles)
| Content Provider | Semantic Scholar |
|---|---|
| Author | Krautberger, Nicolas |
| Copyright Year | 2012 |
| Abstract | Cette enquete vise a proposer une issue a un probleme simple : l'histoire des rapports entre nature et societe dans les Alpes au XVIIIe et au XIXe siecles ne peut se faire qu'au prix d'une intense reflexion sur les instruments d'objectivation de ces rapports, c'est-a-dire au prix d'une remise en question de ce qui est naturel pour l'enquete historique (Livre 1). En repoussant les schemes de pensee qui accueillent si aisement au sein de l'analyse, la nature naturelle du naturaliste du siecle des Lumieres, il s'agira de se rendre capable de prendre en consideration le type de relation que l'immense majorite des individus a toujours entretenu avec certains non-humains jusqu'a une epoque tres recente : ce qu'on doit appeler la nature-propriete. Sous l'Ancien Regime, la nature etait toujours et avant tout quelque chose que quelqu'un possedait juridiquement avant d'etre quelque chose qu'une infime minorite regardait, contemplait ou observait. Cette chose constituait l'individu proprietaire : elle le renforcait, augmentait sa puissance d'agir, l'enrichissait face aux autres ; ce qu'on peut designer par la « nature-richesse(+) » qui servit a l'Etat pour le calcul des capacites contributives de ces proprietaires contribuables sur lesquels reposaient la stabilite du collectif politique et la richesse nationale (Livre 2). Dans certaines situations particulieres, appelees « accidents » par les acteurs, cette nature a aussi pu apparaitre comme une nature-perte : lorsque ces proprietaires contribuables perdaient tout ou partie de leur nature-propriete. Cette perte les affaiblissait, diminuait leur puissance d'agir, les appauvrissait face aux autres ; ce qu'on peut designer par la « nature-richesse(–) » qui conduisit le collectif politique, auquel appartenaient ces individus diminues face aux autres, a instituer des procedures permettant de reevaluer puis de compenser les variations, passageres ou definitives, de leur capacite contributive individuelle (Livre 3). Ainsi, au lieu de se servir des discontinuites naturelles pour penser les discontinuites sociales, les sujets dauphinois, puis, plus tard, les citoyens iserois, utiliserent les categories elementaires de la vie sociale, en l'occurrence l'impot et la propriete, pour penser leurs rapports a certains non-humains comme la terre, la foret, l'orage, la grele, l'eau, le betail, les fruits, l'herbe et les montagnes. Or, cette perspective d'analyse n'apparait renversee que pour l'enqueteur qui a deja la tete a l'envers ; la possibilite d'ecrire cette histoire sans renverser personne est precisement l'enjeu d'une refonte de la perspective d'analyse classique de l'histoire environnementale. Ce travail rend donc compte des raisons pour lesquelles il ne faut plus etudier les « inter-relations entre nature et culture », et des efforts a fournir pour parvenir a « ecrire la nature » : en se donnant les moyens reflexifs de decrire des systemes de relations complexes, largement produits au sein du champ bureaucratique de l'Etat moderne, pour etablir des grilles d'equivalence naturelles entre les individus, selon un critere social naturalisant : la richesse. Une telle approche permet alors de comprendre comment la nature a pu rendre pauvre et comment se sont co-construits les processus de naturalisation de la pauvrete et d'objectivation de la nature (Livre 4). |
| File Format | PDF HTM / HTML |
| Alternate Webpage(s) | https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00923587/document |
| Language | English |
| Access Restriction | Open |
| Content Type | Text |
| Resource Type | Article |