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Québec : Émergence de l’institution littéraire et parodie des codes français
| Content Provider | Semantic Scholar |
|---|---|
| Author | Andrés, Bernard |
| Copyright Year | 1986 |
| Abstract | A parody of a colloquium pièce on parody of french codes in Québec literary and théâtre. The author, making use of the ritualized codes of the conférence paper, offers a concrète reflexion on the problems of parodie speech acts and intentions, grounded on theorical works by Hutcheon, Genette, Kerbrat-Orecchioni and others. 0.0.7. Où il ne serait question ni de la parodie ni de l'institution littéraire québécoise, mais d'une communication fictive où l'on aurait parlé des rapports entre l'une et l'autre, mais sur un mode parodique. Il aurait fallu pour cela parodier l'une ou l'autre, ladite institution ou ladite parodie. Mais le faire avec l'une ou l'autre eût supposé de part et d'autre une parfaite connaissance des deux, afin que pussent être reconstitués les deux plans de mon discours, cette «double exposition» ou «synthèse bi-textuelle» dont parle Linda Hutcheon. Une solution facile eût consisté à parodier l'une et l'autre en choisissant comme cible la seule chose familière à chacun : le genre codé de la communication de colloque. Dans cette problématique du choix du parodié, quelle que soit la cible retenue, cette communication fictive n'eût pas manqué de 142 ÉTUDES LITTÉRAIRES — PRINTEMPS-ÉTÉ 1986 soulever un certain nombre de problèmes dont la seule exposition suffirait à amorcer le présent article *. 0.0.6. Premier ordre de difficultés: comment pré-supposer d'une part une préhension commune du phénomène parodique alors que l'objet d'un colloque est précisément d'en constituer une, et peut-être d'en instituer une, mais... D'autre part, comment supposer une préhension commune de l'institution littéraire québécoise, alors que la notion même d'institution fait problème et que, fait d'institution, le champ québécois est peu ou pas connu hors-Québec, parce que marginalisé, «régionalisé» par l'institution parisienne dont la principale fonction au niveau de l'appareil editorial est d'ignorer ou de filtrer l'information surtout ce qui touche à la «francophonie». 0.0.5. Second ordre de difficultés: la fameuse «visée» ou «intention» parodique. D'un point de vue pragmatique, on peut distinguer à la réception l'ironie de la parodie sur la base d'un rapport entre ce qui est dit par le locuteur et ce qu'il veut faire entendre (ou qu'on suppose qu'il veut faire entendre). Le rapport serait antithétique dans l'ironie et de simple juxtaposition dans la parodie (avec resémantisation, dénonciation ou «désénonciation» de l'énoncé parodié — on y reviendra). Ceci convenu, la difficulté pour le locuteur de cette communication fictive, résiderait dans la disposition d'un certain nombre d'indices destinés à clairement identifier l'«intention» parodique: parodie de l'institution littéraire ou du discours parodique ? Sans compter en tout premier lieu avec les contraintes d'énonciations inhérentes aux circonstances hic et nunc: la communication de colloque (il faut dire quelque chose, sur le sujet de préférence !). D'où brouillage possible par parallélisme de deux plans d'intentionnalité: dire la parodie en parodiant son discours critique. 0.0.4. Position d'énonciation intenable où le seul choix du locuteur sera de gommer son lieu d'énonciation, de cacher son JE/U en se retranchant pour «faire sérieux» derrière le IL et ses doctes substituts : le NOUS académique ou, comme je * Cette «communication fictive» fut réellement performée au Colloquium on the History and Theory of Parody, Université de la Reine, Kingston, Ontario, (8-10 octobre 1981). L'INSTITUTION LITTÉRAIRE 143 suis amené à le faire ici, LE LOCUTEUR. Ce locuteur désignerait, dans l'impersonnification de mise, aussi bien celui (réel) qui énonce ces propos, que celui (fictif) de l'expérimentateur, alors scripte par la majuscule L: Le sens d'une séquence peut être défini comme ce que le récepteur [...] parvient hypothétiquement à reconstituer de l'intention signifiante de L, et cela à l'aide d'un certain nombre de données intraet extratextuelles, et à partir de ses propres compétences, et de celles qu'il a de bonnes (ou mauvaises) raisons d'attribuer à L et d'estimer que L lui attribue. On reviendra en fin de parcours sur cette citation de Catherine Kerbrat qui nous servira en attendant de protocole de lecture. 0.0.3/2. Ainsi, pour les pages qui suivront, les embrayeurs ou «signes de ponctuation» parodiques seraient au plan extratextuel le code de la communication de colloque et ses contraintes, et intra-textuellement, la contrefaçon dudit code, marquée par les lexèmes «locuteur», «il», «nous», «on», les apartés (en italiques), les clichés, ainsi qu'un conditionnel plus ou moins vétusté dans ses concordances (sans compter ici-même la segmentation fantaisiste mais ô combien codée du texte écrit). Autant d'indicateurs d'une position ou plutôt d'une posture qui se voudra la plus mouvante possible, pour permettre au «locuteur» («je» s'efface) de gommer son lieu d'énonciation tout en le désignant explicitement, sorte de point aveugle destiné à démontrer que le plus important dans le discours parodique, c'est le lieu d'où on le tient. Non pas « Que parodier ?», ni « Comment ?», mais « D'où ?»... La meilleure parodie étant peut-être celle qui à force de désigner ses lieux, les relativise au point de les escamoter. Non-lieu de la Parodie ? 0.0.1. Bon! Compte-tenu de la contrainte institutionnelle (dire quelque chose), le locuteur annoncera son plan en trois parties (comme «il» se doit) : mise au point méthodologique sur l'institution et les codes; analyse du rapport aux codes linguistiques et esthétiques ; enfin, à la hâte (le temps venant à manquer), présentation de quelques cas «concrets» de parodie dont on tentera de montrer la spécificité québécoise (le tout n'étant que prétexte à une réflexion sur le discours parodique par la parodie de ce discours)... 1.1.1. Pour commencer, le locuteur ferait donc porter son propos sur l'institution littéraire. Il s'y prendrait en parlant le 144 ÉTUDES LITTÉRAIRESPRINTEMPS-ÉTÉ 1986 plus sérieusement possible d'un ensemble de pratiques scriptionnelles et lectionnelles (sic) reconnues/rejetées comme non/littéraires, par une série d'agents impliqués à des titres divers dans des A.I.E.'s. En insistant sur la base matérielle de l'organisation, il caractériserait les instances de production, d'émergence et de diffusion, en rapport avec l'appareil scolaire. Sans mâcher ses mots, il dénoncerait le ballet hystérique des prix littéraires et la soumission de l'invention scripturale à des éléments formulaires stables (énoncés déontiques, doxéiques ou doxastiques). L'ensemble serait situé dans le contexte québécois de l'édition et des courants d'air circulant en toute liberté. 2.1.1. L'institution esquissée, il s'agira de poser la notion de code pris au sens vernierien de : mécanismes appris, devenus automatiques et sentis «évidents», qui permettent d'écrire et de lire à une époque donnée dans une société donnée [...]. Ces codes ne sont pas neutres mais modelés, à partir d'un héritage qu'elle a reçu et contre les tentatives-incessantes-de-laclasse-qu'elle-domine, par-la-classe-dominante-qui, de-plus, les-occulte-en-tant-qu'instruments-de-ses-intérêts [...] etc. Distinguer ensuite entre le code linguistique de base et les codes esthétiques plus spécifiquement littéraires, sans compter les sous-codes connotatifs dont un éminent semiologue italien s'est fait l'écho. Établir d'une part les rapports entretenus entre le français des romans québécois et la forme d'un français international plus ou moins fictif. Caractériser d'autre part au XIX siècle les relations entre les types de récits produits au Québec et le genre de productions françaises qu'on y importait, diffusait, critiquait, etc. 2.1.2. Pour ce qui est du rapport au code linguistique dominant, l'accent sera mis sur le processus de rejet ou de non-légitimation de certaines pratiques intégrant au récit le langage «populaire». À moins que celui-ci ne subsiste, mais mal assimilé par l'instance narrative, se trouve réduit à une fonction décorative, «au même titre que le costume, l'aspect extérieur, les éléments constituant un tableau de mœurs, etc.», dirions-nous pour parodier Bakhtine au sujet de Gogol. L'effet de sens est alors celui d'une «parodie manquée» (au sens d'un acte manqué, d'une parodie in/volontaire). Le discours populaire n'est que toléré, encadré par celui du narrateur, farouchement fidèle, lui, à la norme d'un français L'INSTITUTION LITTÉRAIRE 145 plus ou moins fictif et international. [Ici, recours obligé à la référence-surprise : l'étude récente et encore inédite attestant d'un dossier de recherche décidément « up to date»]. C'est ce qui ressort d'une récente étude de Myrtale Gaudreau sur le langage populaire dans le roman canadien-français. On remarque d'ailleurs que sur le plan du rapport au code linguistique français, même au plus fort de la mode du «Jouai», un siècle plus tard, les écrivains de la revue Parti pris et la plupart de leurs successeurs maintiennent encore une distance entre renonciation narrative et le discours rapporté, distance dont on ne peut dire, comme pour le théâtre à la même époque, qu'elle fonctionne, à la parodie du code français. Robert Major l'établit bien dans son étude sur Parti pris. André Belleau observe le même phénomène dans son essai le Romancier fictif. 2.1.3. Le problème est d'autant plus aigu au Québec que dans la communication verbale, le code linguistique (plus précisément phonétique) reste un signe de reconnaissance s'il n'est plus tout à fait un motif d'exclusion. Au point que dans la production théâtrale, la seule prononciation française (en fait l'accent parisien) fait fonction de cliché dans toute parodie de la culture savante et sert à coder de façon infaillible les rôles du précieux, de l'efféminé ou du gars à problèmes sexuels (ce dernier cas génère toute la pièce de Barbeau: Joualez-moi d'amour). Dans l'écrit, le rapport au code linguistique se pose différemment mais il réactive en l'accusant l'aphorisme sartrien : « On parle dans sa lang |
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| Page Count | 12 |
| File Format | PDF HTM / HTML |
| DOI | 10.7202/500746ar |
| Volume Number | 19 |
| Alternate Webpage(s) | https://www.erudit.org/fr/revues/etudlitt/1986-v19-n1-etudlitt2230/500746ar.pdf |
| Alternate Webpage(s) | https://doi.org/10.7202/500746ar |
| Language | English |
| Access Restriction | Open |
| Content Type | Text |
| Resource Type | Article |