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La régulation des émotions au cours du vieillissement normal.
| Content Provider | Semantic Scholar |
|---|---|
| Author | Vieillard, Sandrine Harm, Jonathan |
| Copyright Year | 2013 |
| Abstract | The effect of aging on emotion regulation has emerged as a new area of research due to a renewed interest in the emotion regulation activity and a recent collection of empirical data suggesting the existence of important age-related changes in the emotion processing. These changes have been firstly viewed as a “positivity bias” and then, have been thought as the expression of better emotion regulation abilities with advancing age. However, ∗Correspondance : Sandrine Vieillard, Laboratoire de Psychologie, Université de Franche-Comté, 30, rue Mégevand, 25030 Besançon, France. E-mail : sandrine.vieillard@univ-fcomte.fr Cet article a été rédigé dans le cadre d'un projet de recherche financé (Décision n◦ ANR 11 EMCO 003 01) intitulé « STREEM : Les STratégies de REgulation EMotionnelle : approches multimodale, vie entière, et interculturelle ». L'année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2013, 113, 595-628 596 Sandrine Vieillard Jonathan Harm recent findings have shown that the effect of age on emotional processing is mainly characterized by an attempt to avoid unpleasant situations rather than a clear tendency to prioritize the processing of positivity. Taken in line with the cognitive impairment and the anatomical deficit observed in the prefrontal cortex (a region largely involved in the emotional control) in the elderly, these data yield a more nuanced picture of aging and call for a consideration of age-related changes in terms of a dynamic relationship between cognition and emotion. To this end, the emotion regulation activity in the elderly appears to be a perfect illustration of this relationship. Initialement introduite par les études en psychologie clinique sur les mécanismes de défense et les processus d'attachement, la question de la régulation des émotions a été réhabilitée dans le champ de la psychologie cognitive par James Gross (Gross, 1998a, 1998b) et apparaît aujourd'hui comme une problématique émergente chez l'adulte mais aussi dans la littérature sur le vieillissement normal. Le concept de régulation émotionnelle, communément défini comme la possibilité d'exercer un contrôle sur la nature et l'intensité de l'émotion ou encore sur le moment ou la manière dont elle s'exprime, constitue une réponse adaptative aux réactions émotionnelles potentiellement inappropriées (par ex., réprimer une envie de rire lors d'une interaction, dissimuler son appréhension avant une prise de parole en public, atténuer l'irritation suscitée par une longue file d'attente) et apparaît en ce sens comme une cognition motivée. Ces dernières années, de nombreux travaux issus de la psychologie et des neurosciences cognitives ont tenté de mettre à jour les mécanismes d'interaction cognition-émotion impliqués dans l'activité de régulation émotionnelle. Dans le même temps, les travaux sur le vieillissement normal ont révélé l'existence de modifications profondes des processus de traitement de l'information émotionnelle avec l'avancée en âge. Plus exactement, ces travaux ont mis à jour un paradoxe de taille : bien que le vieillissement soit synonyme de déclin cognitif, cérébral, physique et social, les aînés rapportent, par rapport aux jeunes adultes, des niveaux d'affect positif supérieurs et tendent à privilégier le traitement de l'information positive sur l'information négative, suggérant l'existence d'une meilleure aptitude à réguler les émotions. Si les travaux indiquant la présence, chez les aînés, d'un biais attentionnel (par ex., Mather & Carstensen, 2003) et mnésique (par ex., Charles, Mather, & Carstensen, 2003) en faveur de l'information positive forment aujourd'hui une littérature abondante, l'état des connaissances sur les capacités réelles de régulation émotionnelle des aînés reste embryonnaire. L'année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2013, 113, 595-628 Régulation des émotions au cours du vieillissement normal 597 1. LA RÉGULATION ÉMOTIONNELLE : BREF ÉTAT DES CONNAISSANCES EN PSYCHOLOGIE ET EN NEUROSCIENCE COGNITIVES Le regain d'intérêt pour la régulation émotionnelle a été amorcé par la publication, en 1998, d'un modèle théorique formalisant le décours temporel des différents processus de régulation (Gross, 1998a, 1998b). Ce modèle définit la régulation émotionnelle comme un « processus grâce auquel les individus ont la possibilité d'influencer la nature de leurs émotions, le moment et la façon dont ils en font l'expérience et l'expriment » (Traduit de Gross, 1998b, p. 1). Plus précisément, ces processus recouvrent les différentes combinaisons qu'il est possible d'établir entre la nature de l'influence exercée (maintien, augmentation ou atténuation) et la valence hédonique de l'émotion ressentie (agréable, désagréable). Ainsi, différentes formes de régulation peuvent être distinguées telles que l'atténuation des émotions désagréables, le maintien ou l'augmentation des émotions agréables, le maintien ou l'augmentation des émotions désagréables, et enfin l'atténuation des émotions agréables. Chez Gross, la régulation émotionnelle est fondée sur une conception dynamique et multi-composante des émotions. Selon cette conception, les émotions surgiraient en réponse à des situations évaluées comme importantes pour l'organisme ; elles impliqueraient des changements d'ordre subjectif, comportemental, neurophysiologique, et seraient modulées grâce à des mécanismes psychologiques avec lesquels elles seraient en étroite interaction (Scherer, 2001). Dans la formulation de son modèle, Gross précise que le concept de régulation émotionnelle doit être compris comme une « régulation des émotions » et non comme une « régulation par les émotions » tentant ainsi de neutraliser la délicate question du recouvrement entre réponse et régulation émotionnelle1. Parce qu'elle mobiliserait des processus conscients et non conscients, et ne viserait pas la seule réduction des affects négatifs, la régulation émotionnelle n'est pas assimilée au coping, c'est-à-dire aux pensées et aux comportements mobilisés consciemment pour faire face aux situations de stress (Folkman & Moskowitz, 2004). Les processus de régulation émotionnelle diffèrent 1Des contributions récentes (Campos, Walle, Dahl, & Main, 2011; Kappas, 2011; Tamir, 2011; Thompson, 2011) défendent l'idée qu'il n'est pas possible de dissocier l'émotion de la régulation émotionnelle notamment parce que l'émotion déclenche diverses modifications aboutissant à son extinction ou encore parce qu'elle-même vient réguler d'autres processus cognitifs. Pour autant, les auteurs partagent l'idée que cette interdépendance n'est pas un obstacle à l'étude des processus de régulation émotionnelle. L'année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2013, 113, 595-628 598 Sandrine Vieillard Jonathan Harm également du coping en ce qu'ils peuvent viser à diminuer mais aussi à amplifier les réponses émotionnelles. Enfin, comme mentionné plus haut, la régulation émotionnelle est une réponse adaptative motivée. Celle-ci peut impliquer des processus cognitifs contrôlés (Zelazo & Cunningham, 2007) ou encore des processus plus automatiques permettant d'inhiber des réactions trop excessives (Korb, 2009) pour répondre aux buts personnels de l'individu. Tous ces processus appartiennent à un large éventail d'étapes disponibles pour réguler les expériences émotionnelles. Bien que ces étapes ne fassent pas toutes l'objet d'un même niveau de contrôle cognitif, elles sont assimilées à des stratégies distinctes (par ex., sélectionner les situations les moins susceptibles de produire une émotion ; rediriger l'attention pour réduire la façon dont la signification émotionnelle d'un événement peut nous affecter ; opérer une réévaluation cognitive visant à reconsidérer la signification émotionnelle d'un événement ; réduire, dissimuler ou encore amplifier l'expression de l'émotion ressentie) susceptibles d'intervenir à différents moments du décours temporel de la réponse émotionnelle pour en modifier la nature, l'intensité ou l'expression. Aujourd'hui, même si les facteurs qui président à la (co)sélection des différentes stratégies de régulation émotionnelle sont largement méconnus, la fonction adaptative (par ex., poursuite des buts personnels, satisfaction des besoins affectifs, recherche d'un équilibre émotionnel favorisant la santé mentale) de ces stratégies fait de la régulation émotionnelle une activité essentielle à l'interface de la relation cognition-émotion. Le modèle de Gross postule l'existence de multiples processus de régulation intervenant à différents moments de la réponse émotionnelle. Il s'agirait d'un continuum de processus intrinsèques allant des plus automatiques aux plus coûteux en ressources cognitives (Korb, 2009) intervenant soit avant la réponse émotionnelle (par ex., sélectionner les situations les moins susceptibles de produire une émotion), soit tout au long de la réponse émotionnelle, à des moments plus ou moins précoces. Au total, le modèle de Gross prévoit cinq grandes familles de stratégies de régulation émotionnelle : quatre stratégies intervenant avant la réponse émotionnelle, parmi lesquelles la sélection de la situation (c'est-à-dire, éviter ou rechercher une situation. Par exemple, au départ des vacances, solliciter systématiquement votre conjoint(e) pour prendre le volant car vous redoutez la conduire sur autoroute), la modification de la situation (c'est-à-dire, modifier une situation pour agir sur son impact émotionnel. Par exemple, au volant de votre véhicule, demander à la personne assise à vos côtés de prendre le volant pour réaliser un créneau difficile qui ne manque jamais de vous stresser lorsqu'une longue file de voitures attend derrière), le redéploiement attentionnel (c'est-à-dire, rediriger son L'année psychologique/Topics in Cognitive Psychology, 2013, 113, 595-628 Régulation des émotions au cours du vieillissement normal 599 attention sur des éléments ou des pensées sans rapport avec la situation. Par exemple, sur l'autoroute, détourner votre regard de |
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| File Format | PDF HTM / HTML |
| DOI | 10.4074/S000350331301405x |
| Volume Number | 113 |
| Alternate Webpage(s) | http://psychologie.univ-fcomte.fr/download/section-psychologie/document/pdf/vieillard-harm-ap-2013.pdf |
| Alternate Webpage(s) | https://doi.org/10.4074/S000350331301405x |
| Language | English |
| Access Restriction | Open |
| Content Type | Text |
| Resource Type | Article |